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De l’hévéa au caoutchouc, usine de Chup

chup - latex et scarifications sur hévéa

L’hévéa est l’or blanc du Cambodge

Chup - plantation d'hévéa Les ouvriers du conglomérat de caoutchouc de Chup dans la plantation. Ils entretiennent de jeunes hévéas destinés à assurer la relève de la production.Chup est une localité distante d’environ 10 km de Kompong Cham, ville de 63000 habitants située sur les rives du Mékong. La route qui mène à la manufacture de caoutchouc est bordée de plantations d’hévéas. L’hévéa règne en maître ici depuis 1920. Il prospère dans la région grâce à des sols propices et un climat favorable. Cerise sur le gâteau, une nouvelle prospérité s’annonce pour la région car la demande de caoutchouc est en augmentation. Pour cette raison  les anciennes plantations à l’abandon ont été rasées. En remplacement on plantes de jeunes hévéas, plus aptes pour la production du latex . En effet, la production du latex d’hévéa est optimale entre 15 et 35 ans. Il va sans dire qu’il est nécessaire de planifier les plantations pour répondre à la demande croissante de caoutchouc

usine de caoutchouc de Chup -Les ateliers kampong Cham usine de caoutchouc de Chup -Les ateliers kampong Cham

L’accueil et les bureaux de la manufacture de caoutchouc de Chup – A côté, un entrepôt.

Usine de caoutchouc de Chup - La flotte de camions citernes Usine de caoutchouc de Chup – La flotte de camions citernes

Usine de caoutchouc de Chup – Vue générale

La flotte poids lourd de l’usine de caoutchouc de Chup

Usine caoutchouc Chup - parc de camions Une partie du parc de camions-citernes usine caoutchouc chup - camion-citerne pour latex usine caoutchouc chup – camion-citerne pour latex manufacture caoutchouc Chup - camions-citernes manufacture caoutchouc Chup – camions-citernes Usine de Chup - Un camion des sixties Le parc poids lourds de l’usine de Chup est ancien

La forte demande de latex est une menace pour la biodiversité

Du côté pile, on peut dire que le caoutchouc est l’or blanc du Cambodge. Du côté face, les plantations d’hévéas sont une menace pour la biodiversité, car elles mettent sous pression les forêts naturelles du pays. Par voie de conséquence tout l’écosystème se trouve appauvri.

De l’hévéa au caoutchouc : Historique de la plantation de Chup

Hévéas - plantation de chup

La plantation d’hévéas de Chup – 20.000 hectares appartiennent au conglomérat qui fabrique le caoutchouc.

La plantation de Chup est une création française en 1922.Dans les années 60 elle était la plus grande plantation d’hévéa au monde. Puis l’usine subit les avatars de la guerre puisque les américains la bombardèrent durant le guerre du Vietnam. Mais malgré les péripéties régionales, l’usine continua sa production sans interruption. Par la suite la production de caoutchouc se relança. Nous voici dans les années 80, le conglomérat arracha alors les anciennes plantations puis replanta de jeunes plants d’ hévéas. Grâce à ces actions ce sont aujourd’hui 20.000 hectares d’hévéa qui alimentent la manufacture de caoutchouc de Chup. Tout compte fait, cette production locale est gourmande en main d’œuvre. Elle a besoin de bras pour la maintenance des plantations et la récolte du latex. La plantation d’hévéa et la manufacture de Chup est donc un employeur important dans la région de Kompong Cham.

L’extraction du latex

]Plantation de chup - godet à latex Plantation de chup – godet à latex – on remarque la scarification de l’écorce. De cet endroit s’écoule le latex chup - latex et scarifications sur hévéa chup – latex et scarifications sur hévéa[/caption]

Le troncs d’arbres d’hévéas en âge de produire sont scarifiés en diagonal pour récupération de la sève en l’occurrence du latex.

Les troncs d’arbres d’hévéas en âge de produire sont scarifiés en diagonale pour que le latex s’écoule. A la base de la saignée, un godet recueille la sève. Lorsque les godets sont pleins, une équipe d’ouvriers se charge alors de la récupération du latex.

Plantation Chup - godet à latex et fourmis
Plantation Chup – godet à latex et fourmis

Un modèle paternaliste  des trente glorieuses

A l’entrée dela manufacture de Chup, les maisons des ouvriers sont en alignement en bordure de la route. Ce sont des petites maisons qui ont également un petit jardin. Tout est fait pour que la main d’œuvre soit sur place, car elle est un élément clé pour l’entretien des plantations. Ce modèle rappelle un tant soit peu les cités ouvrières de Michelin au début du 20e siècle, mais vraisemblablement sans le modèle social.

Le chef de production  guide et commente la visite

Un poste de contrôle filtre l’arrivée des visiteur, il fait donc office de réception. La visite de l’usine de fabrication de caoutchouc est possible moyennant une contribution modique. On obtient alors un badge visiteur et un guide personnel de premier ordre puisqu’il s’agit du chef de production. Incroyablement disponible, il commente les différentes étapes de la transformation du latex. Il nous accompagne en commentant le process de la matière première au caoutchouc, produit intermédiaire qui répond aux besoins de l’industrie.

Modernité dans le processus mais hygiène et sécurité du travail à revisiter

Usine de Chup - Nettoyage de cuve
Ouvrier nettoyant une cuve près du bassin de décantation. Il est nu-pieds, le masque de protection est inefficace. Alors que la présence de latex et d’acide formique est nocive pour la santé.

De prime abord l’usine ne paraît pas très moderne. Ainsi si l’on se place, d’un point de vue occidental, elle s’apparente à un outil  industriel des années 60. Cependant avec des conditions d’hygiène et de sécurité du travail moins rigoureuses. Pourtant d’un point de vue cambodgien cette usine est moderne. Car elle travaille en processus continu, elle dispose aussi de nombreuses automatisations. Le plan d’ingénierie est également limpide puisque de prime abord on observe facilement les flux et les processus. Ainsi d’un seul coup d’œil on visualise le sens entrant de la marchandise, les bacs de traitement, la phase de transformation de l’hévéa, puis enfin l’unité de conditionnement des pains de caoutchouc.

Les quais de transbordement

Usine de Chup - vidage de la citerne de latex
Usine de Chup – vidage de la citerne de latex

 Le latex est collecté dans la plantation par des camions citernes. Il est ensuite déversé dans des bassins de décantation.

Les camions citernes arrivent sur les quais de transbordement. La précieuse cargaison est vidée dans une cuve  contenant une solution d’eau mélangée à un concentré d’acide formique. L’acide formique permet la coagulation du caoutchouc.

Usine caoutchouc Chup - vidage du latex
Un employé de l’usine de caoutchouc de Chup procède au vidage de la citerne remplie de latex
Usine de caoutchouc de Chup -Latex
Le latex poisseux à l’arrière du camion-citerne

La décantation prépare le passage en presse du caoutchouc

Le latex est vidé dans des bassins de décantation, il se mélange  avec une solution d’acide formique qui permet la coagulation du latex. Après l’immersion dans la solution d’acide formique assez malodorante, le produit coagulé reçoit un traitement de malaxage puis il s’écoule dans des bassins de décantation. A cet endroit, il repose durant une douzaine d’heures. Ce temps est nécessaire pour que le caoutchouc perde de sa densité et gagne en élasticité.

Après la décantation passage à la presse et au four

Le latex décanté est maintenant prêt au passage dans la presse. Il y ressort en flux continu sous la forme d’un lé qu’un tapis roulant entraîne.  Le lé passe dans plusieurs fours. Le premier réglé à 120°, sèche le caoutchouc fortement imprégné d’eau malgré le passage sous presse. Le process de séchage continue dans d’autres fours réglés à des températures de moins en moins élevées. En fin de process de séchage, le caoutchouc qui sort à température ambiante est prêt pour le conditionnement.

Usine de caoutchouc de Chup la décantation en images

Usine de caoutchouc - Chup - bassins
Les bassins de décantation sur les quais de déchargement du latex
Usine caoutchouc de Chup - bassin de décantation
Solution d’acide formique destinée à accueillir le latex vidé des camions-citernes
Usine de caoutchouc de Chup - coagulation du latex
Décantation du latex dans les bassin pour agglutiner le latex
Usine caoutchouc de Chup - bassin de traitement
Usine caoutchouc de Chup – bassin de traitement
usine caoutchouc de Chup - bassins de décantation
usine caoutchouc de Chup – bassins de décantation
usine caoutchouc chup - Le latex dans les bassins
Cette étape de décantation est la partie finale du processus avant le passage sur la presse
Usine de chup - les bassins, la presse, le tapis
Les bassins alimentent la presse destinée à presser le latex en enlevant l’eau. L’étape suivante est le passage dans des fours pour obtenir le caoutchouc.
Usine de caoutchouc de Chup - ouvriers au travail
Usine de caoutchouc de Chup – ouvriers au travail
Usine de Chup - presse à latex
Le pressage du latex coagulé est un travail en processus continu. Le latex pressé est entraîné sur un tapis. Puis il passe successivement dans des fours destiné à obtenir le caoutchouc

Le conditionnement est l’étape finale avant expédition

Les ballots qui sortent du dernier four sont acheminés sur des tapis roulants vers des manutentionnaires qui ont pour mission de les regrouper en ballots de 30 kg. Les ballots finis sont déposés sur une palette qui, complétée pèse 1200 kg. Le format des palettes est spécialement étudié pour optimiser le chargement des containers.

Usine de Chup - ouvrier et la presse à latex
Opérateur aux commandes de la presse à latex
Usine de caoutchouc de Chup - passage au four
La production en flux continu : Le tapis roulant entraîne le latex pressé pour le diriger successivement dans des fours.
Usine de caoutchouc de Chup - superviseur du process
L’employé supervise le process de fabrication du caoutchouc. Ici la ligne de passage aux fours.
Usine de Chup - Caoutchouc au sortir du four
Le caoutchouc sort du four.
Usine de Chup - console de pilotage de l'usine
La console de pilotage du process de l’usine est une armoire tableau disposant de nombreuses commandes.
usine de chup - pesage des ballots de caoutchouc
usine de chup – pesage des ballots de caoutchouc
usine de chup - pesage des ballots
Une fois les ballots pesés, ils sont passés dans la presse pour former un cube. La presse est derrière l’opérateur
Usine caoutchouc chup - intérieur de l'usine - vue générale
Usine caoutchouc chup – intérieur de l’usine – vue générale

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Unité de conditionnement de Chup – Préparation des ballots et palettisation.

Une qualité de caoutchouc prémium

Il existe deux qualités de caoutchouc, le plus pur est aussi le plus clair. Il correspond aux caractéristiques recherchées notamment par les manufacturiers de pneumatiques . Les expéditions partent de ce lieu vers la Chine d’où les containers seront expédiés vers les différents clients en Asie et en Europe.

Usine de chup - ballots de caoutchouc
Employés de conditionnement. Les ballots doivent faire 30 Kg. La palette contient 40 ballots soit un poids de 1200 kg

Le deuxième choix pour des besoins différents

Caoutchouc, usine de Chup
Le caoutchouc premium est de couleur claire. Le caoutchouc brun indique la présence d’impuretés dans la matière.

La deuxième qualité a une couleur brune plus ou moins foncée. Cette couleur plus marquée indique la présence d’impuretés dans le caoutchouc. Cette qualité moindre répond aux d’autres besoins industriels comme par exemple l’utilisation dans l’industrie de la chaussure

Vous aimez ce reportage, voir aussi la production de caoutchouc au Laos en mode totalement artisanale. Donc nous sommes là dans un autre univers. Et le Mékong à Kampong Cham, la ville voisine de Chup.

Voir aussi ce reportage au Laos sur une unité de production artisanale de caoutchouc où les outils et les process sont minimalistes. Et le Mékong à Kampong Cham, la ville voisine de Chup.

1 commentaire pour “De l’hévéa au caoutchouc, usine de Chup”

  1. Bonjour Sergio. Une série très variée et très documentée où l’on apprend beaucoup sur ces plantations d’hévéa. J’en ai plusieurs plusieurs en habitant près de 3 ans au Cambodge avant la terrible guerre mais je pense qu’elles deviennent en effet maintenant, à force d’être trop sollicitées, un grand danger pour la biodiversité. Merci pour ce bel article.

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