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Au Magouër gisent les derniers thoniers

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Magouer cimetière de bateaux

Les cimetières de bateaux en Bretagne

Le cimetière de bateaux du Magouër est situé sur la commune de Plouhinec, près d’un chantier de réparation navale face à la rivière et le port d’Étel. Quelques coques de vieux thoniers, derniers représentants d’une époque révolue, gisent sur leur flanc.  Malgré l’outrage du temps et de l’océan, les étraves parlent d’une époque prospère révolue. Les thoniers évoquent aussi le savoir faire des charpentiers marins, ici au Magouër Plouhinec, comme ailleurs en Bretagne.

Les derniers thoniers du cimetière de bateaux du Magouër

Sur les bords de la rivière Étel les derniers thoniers du cimetière à bateaux du Magouër, sont les ultimes représentants d’une période de pêche prospère.  Ils reposent désormais sur un banc de sable doré. Ils sont les  témoins d’une flotte qui compta jusqu’à 250 bateaux avant la guerre 39-45.  C’était l’époque de la pêche à la voile. Les équipages allaient pêcher le germon dans le golfe de Gascogne. Le germon est un thon blanc d’une longueur d’environ un mètre dont le poids peut atteindre 25 kg à maturité.

Etel - thoniers au Magouër
Structure d’un ancien thonier au Magouër

L’évolution des techniques de pêche annonce le déclin d’Étel

Le déclin de la pêche au thon commence par le blocus allemand des ports Atlantique. Dans la même période,  les voiliers sont équipés de petits moteurs. Après guerre des bâtiments modernes équipés de chaluts pélagiques prennent la relève. La difficulté du franchissement de la barre d’Étel mal adaptée aux gros navires précipitent le déclin du port d’Étel. Les navires lui préfèrent Lorient, les mareyeurs les suivent. Dans les années 70 il ne restait plus à Étel que quelques dizaines de thoniers. Aujourd’hui le port reconverti au tourisme se développe dans le domaine de la plaisance. Malgré ce déclin quelques artisans continuent la pratique de la pêche côtière.

thoniers du Magouêr - étraves
Les outrages de l’océan et du temps qui passe au Magouër

Ils étaient 6 marins de Groix…et la tempête

Pour se plonger dans cette période héroïque de la pêche au thon en voiliers je recommande le livre d’Henri Quéffelec, écrivain de la mer par excellence qui fait le récit de la tempête vécue à bord d’un voilier durant la terrible tempête de 1930. Cette terrible et inattendue tempête des 19 et 20 septembre 1930 fit de nombreuses victimes groisillonnes.

A Groix, six voiliers ne rentrèrent pas laissant à terre 22 veuves et 26 orphelins. 207 hommes disparurent en mer au cours de cette tempête et des dizaines de bateaux sombrèrent. A cette époque les thoniers naviguaient à la voile, les énormes déferlantes brisèrent les poupes des bateaux, tandis que les mâts étaient arrachés. A la suite de ce drame les poupes profilées plus aptes à briser les déferlantes deviennent la norme.

Les couleurs du Magouër en ria d’Etel

Il est possible que ces épaves disparaissent. La première raison est naturelle, ce n’est qu’une question de temps. L’autre raison est humaine. En effet, le site s’avère dangereux en raison de l’état des épaves et de nombreuses clous de charpentier qui jonchent le sol. La municipalité de Plouhinec envisageait de supprimer les épaves du Magouër mais les protestations ont arrêté le projet.

Je ne saurais trop recommander l’excellent billet visible sur le site hisse-et-oh dont voici une citation que je partage avec force : «Les épaves ne sont pas des déchets, les épaves sont la mémoire de ceux qui les ont faites, qui les utilisèrent pour leur travail, de ceux qui y ont mis leur sueur et leur savoir. Ce sont ces gens là, nos pères et nos grands pères qui ont fait ce pays»

Thoniers du Magouër - clous
Au Magouër les clous rouillés colorent les étraves

Les cimetières de bateaux sont en voie de disparition

Les cimetières à bateaux sont présents le long des côtes bretonnes. Ils sont la conséquence de la modernisation de la flotte de pêche mais également des crises de la filière de la pêche. En l’absence de réglementation particulières de nombreux bateaux furent abandonnées dans des anses en eaux peu profondes. De nos jours l’abandon d’épaves n’est plus possible une règlementation sur les navires abandonnés définit les responsabilité et les obligations des armateurs ou particuliers.

Etel - thoniers au Magouër
Vieux thonier du Magouër

Autres cimetières de bateaux en sursis

Ces cimetières de bateaux ont toujours un fort pouvoir d’attraction. La raison de cette attractivité tient dans la valeur travail que suggèrent ces épaves. D’abord le travail artisanal des charpentiers de marine qui est le fruit d’une connaissance ancienne. Ensuite par la valeur travail des intrépides marins pêcheurs qui ont bravé les océans à bord de ces embarcations aux couleurs marines dont l’immatriculation parlait de leurs racines terrestres et océanes. Ces cimetières vont disparaître sous une décennie, guère plus. Alors il est encore temps d’aller à la rencontre de «géants des mers» gisant dans les anses secrètes ou gisant sur le sable comme ici au Magouër.

Cimetière de bateaux Kerhervy Lanester : Il se niche dans une boucle du Blavet au fond de la rade de Lorient

Cimetière de bateaux de Lanester Kerhervy
Les épaves de bateaux face au pont du Bonhomme à Lanester Kerhervy

Camaret abrite également le cimetière à bateaux du Sillon

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Ces épaves évoquent une période prospère de la pêche. Elles montrent également l’étendue du savoir faire des charpentiers de marine locaux. Là aussi, inévitablement, les épaves se détériorent au fil des ans.

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