Les sculptures de l’abbé Fouré sont une expression d’Art brut. C’est sur la falaise de Rotheneuf que l’ermite dit de la haute folie sculpta obstinément 300 personnages ou créatures fantasmagoriques.
À Rotheneuf, une falaise battue par l’océan accueille 300 bas-reliefs
on loin de la cité des Corsaires de Saint-Malo, le sentier littoral emprunte les méandres de la côte. Quelques kilomètres plus loin un calvaire Notre Dame des Flots signale la pointe de Rothéneuf . A cet endroit, dominant le piton rocheux se révèle l’étrange œuvre de l’abbé Fouré . Ici à flanc de falaise, il sculpta sans relâche durant 14 ans. Aujourd’hui 300 personnages ou créatures fantastiques sont le témoignage d’un travail hors norme conduit avec obstination.
L’abbé Fouré, ermite de la haute folie
Quelle est donc l’essence divine qui alimenta l’abbé Fouré qui, né en 1839 est ordonné prêtre à Rennes après des études au séminaire ? On ne le saura jamais exactement car à la cinquantaine il est victime d’une attaque cérébrale. Il est désormais qui hémiplégique, sourd et muet. Cet accident de santé bouleverse totalement sa vie. Il décide donc de se retirer du monde turbulent des hommes pour vivre en ermite. Se murant dans une recherche de la vérité divine, il choisit finalement la côte tourmentée de Rotheneuf. A cet endroit, il trouve une cabane pour tout logement d’où il se proclame ermite de la haute folie.
Prisonnier dans le monde du silence il sculpte la falaise pendant plus d’une décade
Dans cette cabane il commence la sculpture. Le bois est le matériau idéal car il se travaille facilement. De plus il est abondant, comme le bois flotté qu’il récupère sur le rivage. Petit à petit, des oiseaux à long bec, des saints de gloire, des totems prennent vie dans son atelier. L’imaginaire ne connaît pas de limite.
L’œuvre de la vie de L’abbé Fouré
Puis poussé par une force divine, l’ermite s’attaque à l’œuvre de sa vie. Ce projet tout en démesure est ambitieux au regard de son état de santé. Qu’à cela ne tienne, rien ne l’arrête. Ainsi pendant plus d’un quart de siècle cet ermite atteint physiquement sculpta sans relâche la pierre. Au bout de ce travail titanesque, Il laisse une œuvre d’art brut de plus de 300 créatures ou personnages. D’autant plus admirable si l’on pense qu’il travailla à la force des mains avec pour tout outil un marteau et simple burin.
Le monde fantasmagorique de l’abbé Fouré, une lecture à flanc de falaise
Les sculptures de l’abbé Fouré conservent leur puissance évocatrice car elles allient fantasmagorie. Il y a aussi du symbolisme si l’on considère une certaine organisation pyramidale. Ainsi à la base, d’étranges créatures marines dévorent des êtres humains qui vivent parmi des créatures. Tandis qu’aux niveaux supérieurs des figures humaines apparaissent dont le symbolisme voudrait qu’elles s’affranchissent de la turpitude terrestre.
Des sculptures fragilisées par l’environnement marin
Le lieu est un domaine privé. Un droit d’accès au site, somme tout modeste est requis. Les sculptures de l’abbé Fouré ont désormais un peu plus d’un siècle d’existence. Malheureusement, elles sont dans un état de conservation moyen notamment en raison de l’exposition marine et de l’érosion. Cette forme d’art brut majeure en Bretagne obtient une certaine notoriété. Mais faute de moyens et à défaut de mesure de sauvegarde, il est fort probable que le travail titanesque de l’abbé Fourré disparaisse à tout jamais.
Le lieu est un domaine privé. Un droit d’accès au site, somme tout modeste est requis. Les sculptures de l’abbé Fouré ont désormais un peu plus d’un siècle d’existence.
Sculptures de l’abbé Fouré à Rothéneuf en 2012
C’était en septembre 2012. Ces quelques photos sont un peu comme un jalon de l’état des lieux à ce moment.
L’association Les rochers de Rotheneuf agi pour la reconnaissance et à la valorisation des sculptures de l’abbé Fouré. Elle souligne que l’œuvre de l’Abbé Fouré est reconnue comme une expression majeure de l’Art Brut en France.
Bonjour Sergio. J’ai entendu parler bien sûr de ces sculptures et de l’abbé Fouré mais je ne suis jamais allée les voir et ce sera fait si j’arrive à retourner chez moi au printemps prochain. Superbe série, une folie peut-être mais tellement belle. Ces sculptures ont une âme palpable rien qu’en regardant tes images qui leur donne presque vie.
Oui, si tu passes pas loin, les rochers sculptés de l’abbé Fouré valent le détour. Une chose est certaine, l’abbé Fouré n’était pas fou mais il vivait dans son monde. Il y a plusieurs exemples de ce type comme par exemple la magnifique œuvre de Picassiette à Chartres ou encore celle fantastique du facteur Cheval à Hauterives. Tous apportent une vision d’un monde différent totalement affranchi des conventions. De l’art brut certes, si éloigné du normatif mais qui est tellement émouvant car il nous relie aux racines primitives.
Bon soir Serge,
Si j’avais entendu parler de l’Abbé Fouré, j’ignorais l’existence de cet endroit grandiose, en tout cas, la grandeur de ces lieux. Je n’aime pas cette qualification de fou, ne le sommes nous pas un peu tous à notre manière dès lors qu’on ne rentre pas dans « le » moule ?
C’es sculptures sont extraordinaires et il s’en dégage des émotions très diversifiées, de la sérénité à la plus grande souffrance, voir à la mort en passant par la joie et par la peur.
Je ne manquerais pas de venir voir ce lieu lors de mon prochain passage en Bretagne, au printemps si tout va bien. Je viens de voir que c’est à un peu moins de 2 heures de Perros-Guirec, donc tout à fait faisable.
Merci du partage et de tes superbes photos.
Bonne soirée
Effectivement, c’est facile à réaliser depuis Perros-Guirec. Tu as bien décrit la palette d’émotion face à l’œuvre de l’abbé Fouré qui ne faut-il le préciser était handicapé. C’est d’autant plus remarquable qu’il a tout réalisé à la force du poignet au marteau et au burin.
Quel plaisir de commencer l’année par une découverte, celle de ce blog minimaliste mais tellement riche et enrichissant
Bonsoir Chinou, merci pour ton apport. Bonne soirée !